L'ombre de la mortalité maternelle : Une fatalité évitable
Le taux de mortalité maternelle au Cameroun reste préoccupant, malgré une baisse spectaculaire entre 2000 et 2018. Il était de 438 décès pour 100.000 naissances alors qu’en Afrique du Sud, par exemple, il est de 127 décès pour 100.000 naissances.
Le Cameroun se classe parmi les pays où le taux de mortalité est le plus élevé. Bien que l’État dépense plus d’argent que ses voisins de l’Afrique subsaharienne, il peine à améliorer la santé reproductive des femmes et des nouveau-nés.
Comparaison de Ratio de Mortalité
les causes de Mortalité maternelle
Les principales causes directes de décès sont l’hémorragie post-partum, de plus les fistules obstétricales (perforation entre le vagin et la vessie et/ou le rectum, due à un travail prolongé) augmentant les cas d’infections graves, en outre les complications d’un accouchement à risque, les avortements pratiqués dans de mauvaises conditions.
Mais il y a aussi de nombreuses causes indirectes : Le paludisme, l’anémie, les infections virales ou bactériennes.
Ce sont là des risques médicaux que doivent affronter les femmes du Cameroun et de toute l’Afrique en général.
Les facteurs contribuant au défaut de soins
De nombreux facteurs interagissent avec les causes directes ou indirectes de la mortalité. La pauvreté, l’éloignement des centres de soins, l’état des routes ou plutôt des pistes impraticables en saison des pluies, l’ignorance par manque de service de planning familial, le manque de moyens des dispensaires ruraux et les pratiques culturelles. Un tiers des accouchements se passent encore à domicile avec les moyens du bord.
les grossesses non désirées : une crise oubliée
La crise des grossesses non désirées est également négligée, alors qu’elle est un facteur important contribuant à la mortalité maternelle. En effet, dans le monde, la moitié des grossesses, soit 121 millions, ne résultent pas d’un choix délibéré. 60% de ces grossesses non souhaitées se terminent par un avortement dont 45% sont pratiqués dans des conditions inadaptées, augmentant le risque de décès maternel. On estime que 5 à 13% des décès interviennent à la suite d’avortements non sécurisés. La population la plus touchée ? Les jeunes filles de 15 à 18 ans.
le cri d'alarme des professionnels de santé
D’autres facteurs viennent encore compliquer la situation.
Malgré les efforts déployés pour augmenter le nombre de praticiens, le Cameroun affiche un cruel manque de médecins : 1 pour 10.000 personnes et une pénurie d’infirmier(ère)s : 8 pour 10.000.
Les personnels soignants s’établissent principalement dans les zones urbaines. La situation est d’autant plus dramatique que les barrières financières aux soins obstétriques et à l’accès aux soins de santé dans les zones rurales expliquent souvent un taux de mortalité plus élevé.
Les médecins sont mal payés dans le pays et travaillent jour et nuit pour aider les femmes enceintes. Cependant, les salaires n’étant pas à la hauteur de leurs efforts, ils sont amenés à pratiquer des consultations privées pour augmenter leurs revenus. Malheureusement, le recours à la médecine privée diminue la qualité des services de santé publique.
8 ans d’études supérieures minimum. Je vous invite à jeter un œil au site « jobandsalaryabroad;com » pour avoir une idée des salaires de quelques disciplines médicales. Je mets le lien en bas de l’article.
Si les médecins sont mal payés, les Camerounais dans leur grande majorité, doivent payer de leur poche les frais de santé qui, bien que moins élevés que dans les pays occidentaux, amputent de manière significative leurs revenus déjà faibles.
Le mfm : l'espoir de mettre fin à la crise de la mortalité maternelle
Par le passé, le Cameroun a tenté d’établir à plusieurs reprises, un système de couverture de santé universel qui n’a pu vu le jour à cause de l’ampleur des investissements.
Aujourd’hui, l’espoir renaît. En effet, sous l’acronyme MFM se cache le Mécanisme de Financement Mondial, créé en 2015, dont l’un des objectifs est de réduire la mortalité maternelle pour la période 2015-2030.
Un programme de coopération Cameroun-UNFPA (Fond des Nations Unis pour la Population) a été signé en décembre 2021 (première tranche 2022-2026) visant à accroitre l’accès des femmes, jeunes et adolescent(e)s à des services intégrés de santé reproductive, planification familiale et de lutte basée contre les violences basées sur le genre.
Ensemble, nous pouvons combattre la mortalité maternelle
Les membres de l’Association Filles et Fils de Cœur de Mama Aicha, ont le coeur rempli de joie quand nous voyons ces nouvelles mamans prendre dans leurs bras leur nouveau-né vibrant de vie. De plus nous admirons le courage de ces femmes camerounaises, en milieu rural, qui font face avec détermination et résilience aux obstacles rencontrés pour donner la vie dans des dispensaires souvent éloignés et sous équipés. Chaque don, chaque matériel médical, chaque équipement de première nécessité offert est un pas de plus vers un avenir où toute mère peut donner naissance en toute sécurité. Rejoignez-nous dans cette lutte. Car ensemble nous pouvons faire ensorte que la maternité soit un lieu de joie, de célébration et non de douleur et de deuil.